Salon d'un Hôtel à LYON - Deux planches dont une double

     La décoration de salon qui termine ce volume appartient à l'extrême fin du dix-huitième siècle. Ce fut Alexis Antoine Régny, "Ecuyer, trésorier et receveur des deniers communs, dons et octrois de la ville de Lyon" qui la fit exécuter à une époque que l'on croit voisine de l'année 1809, dans un hôtel de la rue du Puits-Gaillot.

     Le plan que nous publions nous dispense d'insister sur les dispositions intérieures de ce salon. Des glaces garnissent les deux pans coupés et surmontent des consoles à dessus de marbre ornées de moulures et de guirlandes détachées. D'autres glaces de même hauteur garnissent le milieu des faces latérales.

     Les panneaux de chaque côté de celles-ci sont couverts d'ornements qui accompagnent des cadres ovales, où sont peintes en imitation de camée, sur fond bleu, des figures de femmes volant dans les airs, plus ou moins drapées, et portant chacune un attribut.

     Les trumeaux des trois portes sont garnis de médaillons circulaires accostés de figures d'oiseaux chimériques. Des camaïeux aux précédents, y représentent un Sacrifice à Vénus, un Sacrifice à l'Amour et un Sacrifice à Priope, exprimés fort librement chacun par trois figures accompagnées d'accessoires.

     Le style de ces peintures, touchées d'une main fort habile et avec esprit est simple et attrayant. Il participe encore des grâces du dix-huitième siècle, mais tempérées par l'étude de l'antique, tel que devait le pratiquer quelques élève de Vien.

   Les portes sont encadrées par de puissantes moulures sculptées, et leurs panneaux sont sculptés des attributs de Bacchus, de Minerve et de l'Amour pendants en trophées.

   La cheminée est incrustée de massifs ornements en bronze doré, qui entourent sur le chambranle un tête de jeune homme aux ailes de papillon et couronnée de roses.

   Ces bronzes dorés s'accordent avec les sculptures des menuiseries et des consoles, qui sont toutes en or sur fond blanc.

   Enfin, le plafond est orné à son centrer d'une rosace qui est également dorée.

   Deux cabinets qui flanquent ce salon à chacune de ses extrémités ont été peints à la même époque, mais beaucoup plus simplement (1).

   Il était intéressant de terminer par une décoration datant de l'extrême fin du dix-huitième siècle cette nouvelle série d'exemples d'art architectural, empruntés à toutes les époques de l'art en France depuis la Renaissance. D'abord on y voit ce qu'il était chez nous au sortir de la Révolution, avant que l'on eût tout oublié de la grâce des artistes galants de l'ancien régime. Puis, on peut y étudier comment l'antique, venant à de longs intervalles nous ramener à l'étude du simple et du vrai, se modifie à chaque fusion nouvelle avec l'esprit, français, pour donner un caractère particulier et bien réellement original à l'art nouveau qui sort de cette alliance.

(1) Renseignements fournis par M. F. Rolle, archiviste de la ville de Lyon.

Texte original  :