Pierre
DUBUC
Sa Biographie
Lettre adressée au comte de PONTCHARTRAIN
Lettre de Pierre du Buc datée du 25 novembre 1706 (soit deux ans avant son décès), adressée à Sa Grandeur Monseigneur Jérôme PHELYPEAUX, comte de PONTCHARTRAIN, Ministre de la Marine et des Colonies (Secrétariat d’Etat).
Il fait état de ses services militaires depuis 1654 (à l’âge de 14 ans) en France, de son installation martiniquaise à la Capesterre et à Trinité qu’il a fondé, et de la construction de son habitation depuis 1661 à la Caravelle, de son travail agricole pour la plantation, la production, et le commerce du cacao en tant que premier cultivateur de cacaoyers et exportateur de cacao dans le monde, et du fait qu’il a “détaché" ses "nègres" pour leur montrer la culture de cette nouvelle plante, et demande la suspension des taxes qui lui sont demandées au titre de son nouvel anoblissement de 1701 par Louis XIV. Il rappelle aussi les qualités et exploits militaires de son fils aîné
Jean du Buc de L’Etang* à la Martinique, à la Guadeloupe, et à Saint Christophe. Il rappelle également ses blessures (à la jambe), et celles de son fils (joue et mâchoire), en rappelant qu’ils ont failli perdre la vie plusieurs fois en servant Sa Majesté le Roi de France.
Document exceptionnel des Archives Nationales à Paris. Une recherche et découverte par Y. B. du Buc de Mannetot - Décembre 2012
Archives Nationales (CARAN). Hôtel de Soubise, Le Haut Marais. Paris. Archives des Colonies.
Martinique, Le S. du Bucq 25. 9bre. 1706.
Monseigneur,
Permetté moy de Représenter à vostre Grandeur que je sers Le Roy depuis cinquante et deux ans aux approbations de mes commandants, que j’ay reçüe deux Blessures à son service, très dangereuses, que sans mes soings et mes assidhuités pour l’établissement de la Capestere ou jabitte depuis quarantes cinq ans elle ne serait pas en l’état quelle est ayant eu les Sauvages à combattre pendant plus de quinze ans,
que le commerce du cacao n’a esté estably que par moy qui en est donné La Connaissance aux habitans et détaché mes nègres pour leur en montrer la Culture, que j’ay mon fils aÿné qui est en qualité d’Office de milice depuis vingt 2 ans auquel Monsieur de Machault a donné le commandement de cent grenadiers que l’on achoisy sur toutes les milices de l’isle laquelle compagnie Il a dressé au maniement des armes et aux... demanière qu’il n’ya aucune différence aux Troupes Réglées. Il a esté blessé à la deffaite des anglais à St Pierre d’un coup
de fusil par le visage qui lui a arraché sept dans et cassé la machoire inférieure dont il souffre acutellement ; Il cest aussy distingué à la déffence de la Guadeloupe et à St Christophe sous Monsieur de Chanagnac ; et tout ce que j’ay d’enfant et lui aussi les destinons à servir le Roi n’ayant d’autre but ny dautre celle que son service ce qui me fait espérer que vostre Grandeur me fera la grasce de me dispenser
de la taxe que l’on me demande en vertu des Lettres de Noblesse qui mon esté accordée lequel me traistera plus favorablement que ceux qui ne les ont eu que par argent.
D’autant plus que ce na Esté qu’en considération de mes services que je les ay demandés, sy jay donné de l’argent comme ceux qui n’avait aucuns service Sa esté dans l’esperance que l’on me traitrait plus avantageusement dans les aucasions et mesme vostre grandeur me le promet dans les dites lettres puisquil sexplique dans ces termes,
Sans que pour raison du présent anoblissement le dit dubucq ny sa postérité soit tenus de nous payer à nous ny à nos sucesseurs Rois, aucune finances ny indemnité dont esquel somme quelle puisse monter, nous leurs en avons fait et faisons don, par ces présentes, Je nay pas moings bien forcer le Roy que Messieurs Cornette, Giraux, Guillou, Buisson et Collard, qui ont esté anobly sans avoir donné un sel, et je ne suis pas moings en estat quoy qu’aagé de septantes ans, de
servir aussy bien le Roy dans les occasions ainsy que le peut justifier Messieurs de Machault et de Vaucresson qu’aucun habitans delamérique, tous mes enfants cepique de bien servir et en sont jaloux, je ne le suis pas moings des marques de vostre grandeur la grasce de reconnaistre mes services par des marques qui puisse par estre aux yeux du public qui sont tesmoings de mon zelle
et de la tache aux laquelle jay servy, elle me procurera par cette grace les moyens de finir mes jours aux consentement et de pouvoir durer plus lonftemps au monde ou je ne cesesay de prier dieu pour la prospérité de vostre grandeur à laquelle je suis avec un très profond respecq,
Monseigneur
De vostre grandeur
Le très humble et très obeissant serviteur
Dubucq
Annotations ajoutées sur cette lettre :
A la martinique Le 25 novembre 1706
C’est le 1er du Bucq establi à la Martinique
Modifié le 19/01/2013