Origine du nom : "RADA" de Savoie, qui serait arrivé en 1820 à Tours. Les uns s'appelant RADAS, et les autres RADAT. (Marchand de bois ? de charbon ?)
Le père de Raoul, Augustin RADAS* est marchand de bois, dans la plus pure tradition familiale. Ses parents ont tenu à ce qu'il aille à l'école. Pendant la guerre de 1870, il est fait prisonnier. Il s'évade. Du coup il doit se cacher durant toute la durée de la guerre. Il fait la connaissance de Marie FAGU*, dont la famille, cliente du marchand de bois, est depuis plusieurs générations dans l'Indre-et-Loire. Elle n'a que 15 ans et lui 25. Il l'épouse 2 ans plus tard, en 1874. Ils ont trois enfants :
- Paul, né en 1875,
- Jeanne, née en 1877,
- et Raoul, né le 26 janvier 1883 à Buxeuil en Indre et Loire, proche de Descartes.
Le papa de Raoul est assez dur, avec un caractère bien trempé. Sa maman est d'une gentillesse et d'une douceur extrême. Des trois enfants, c'est encore Raoul qui arrive le mieux à composer avec le caractère de son père.
La famille déménage très souvent : 33 fois en 35 ans.... En 1897, ils habitent dans la région parisienne. Augustin RADAS est devenu de manière totalement autodidacte "entrepreneur de Travaux Publics". Et il réussit ! Il obtient de très gros chantiers dans la région de la Loire. Il travaille beaucoup avec la "Compagnie de chemin de fer Paris-Orléans". Il est ainsi chargé de la construction du tunnel qui longe la Seine entre la gare d'Orsay et la gare d'Austerlitz. Les trains partaient de la gare parisienne d'Orsay pour aller à Orléans. (En 1986, la gare sera transformée, et deviendra le musée d'Orsay).
C'est sans doute pour cette raison que le père de Raoul privilégie un investissement non loin d'Orléans. Il fait l'acquisition d'une maison à la Chapelle-Saint-Mesmin, sur les bords de la Loire. Bien lui en a pris car la même année, Raoul tombe malade. Il a 14 ans et il est atteint d'une tuberculose intestinale. Le Docteur prescrit pour le jeune adolescent "une vie à la campagne".... "mais pas question de voir Raoul faire de la chaise longue" (rapporte la légende familiale).
Augustin abat totalement la maison de campagne et construit une villa ("
les pervenches*") pour en faire une habitation principale. Raoul, son père et sa mère, habitent maintenant à La Chapelle-Saint-Mesmin. Il y fait ses études au petit séminaire en tant qu'unique externe et il obtient son baccalauréat.
Puis direction Paris, où il travaille un peu pour un agent de change et y côtoie le milieu de la bourse. Il enchaîne dans la tonnellerie, toujours sur Paris, avec un camarade. Nouveau changement de cap avec l'élevage de moutons, auquel il s'initie à Champagne-Mouton en Charente. Raoul a du mal à se stabiliser.
En 1903, alors qu'il vient de fêter ses 20 ans, son père le reprend en main. Dans le cadre de son affaire de Travaux Publics, un créancier, ne pouvant payer, donne en gage
les Ardoisières de Sainte-Blanche de Landenelle* qui se trouvent à Haybes-sur-Meuse, dans les Ardennes (appelées aussi
Trou Salomon* du nom de son fondateur JB Salomon). Il demande à Raoul d'aller contrôler la bonne tenue de cette affaire. Du coup, Raoul prend le train pour une nouvelle destination totalement inconnue : Fumay, où siège la direction des Ardoisières, à 4 kilomètres de Haybes et non loin de Givet. Il s'installe en bon célibataire expatrié, dans une petite pension de famille avec bistrot-restaurant. Les repas sont paraît-il excellents. Il y fait connaissance de la "jeunesse dorée" du coin, et particulièrement d'un jeune avocat dénommé Jean Mignot (ou Miglot). Jean Mignot est aussi poète à ses heures et fréquente à ce titre là, la poétesse Marie-Louise Grès, épouse Dromart. Jean est marié, mais son ménage va si mal qu'il passe plus de temps avec Raoul et Marie-Louise que dans son foyer.
Quelques mois passent et le papa de Raoul rappelle son fils pour une autre mission dans la Loire.
C'est alors que Raoul reçoit un télégramme de Jean Mignot, de Fumay, lui disant en termes ressemblants : “J'ai besoin absolument de te voir. Viens de suite. Rendez-vous à la gare de Charleville demain”. Raoul est embêté, s'inquiète d'un drame éventuel sachant que ça n'allait pas fort entre Jean Mignot et sa femme. Il prend le train, trouve Jean sur le quai de la gare et l'interroge “Mais que se passe-t-il ? ”.
À Jean de lui répondre : “Je t'ai trouvé une femme ! ”.
Raoul réagit vivement. Il est furieux d'un déplacement aussi compliqué pour une affaire si futile. Il s'apprête à faire le retour dans la demi-heure qui suit. Son ami Jean le retient, le calme, l'invite au buffet de la gare de Charleville, et parvient à le convaincre que c'est une occasion à ne pas manquer ! Le lendemain, les deux compères se rendent à Haybes, chez Marie-Louise Grès-Dromart. Ils prennent le thé. C'est alors que Marie-Louise, présente
Yvonne Liébaut*, sa nièce en vacances d'été, fille de Jeanne-Louise Dromart et
d'Albert Liébaut*...
Les fiançailles ont lieu deux à trois mois plus tard. Le 14 mars 1911, ils se marient à Baccarat, en Lorraine. Entre Albert Liébaut, père d'Yvonne, Centralien, directeur technique de la Cristallerie, et Augustin Radas le père de Raoul, entrepreneur de Travaux Publics "parvenu", l'ambiance est un peu froide. Chacun regarde le parcours de l'autre de façon un peu critique.